Ce mémoire porte sur les lettres que le poète R. M. Rilke et la peintre Baladine Klossowska (Merline) se sont échangées entre 1919 et 1926. La première partie du travail se penche sur la lettre comme vecteur d'un métadiscours de Rilke sur l'art en général et le travail du poète tel qu'il le conçoit. Décidé à briser le silence des années de guerre, Rilke décrit dans ses missives à Merline le cheminement créatif qu'il souhaite initier. Les lettres des années 1920-1921 se distinguent ainsi par leur fonction « pré-génétique » : sorte de prélude à la création, la correspondance permet au lecteur de suivre de près l'étape de mise en condition indispensable au jaillissement de l'écriture. La seconde partie du travail interroge les rapports entre ce dialogue épistolaire entre deux artistes et le volet français de l'oeuvre rilkéenne. Seule correspondance d'une telle envergure qu'il ait menée presque exclusivement en français, les lettres à Merline semblent en effet avoir joué un rôle-clé dans l'adoption progressive, par le poète, du français comme langue de création. En effet, l'espace même de la lettre se transforme peu à peu en atelier de création et d'expérimentation poétique.