Alors que les conditions d'émergence de nombreuses épidémies s'inscrivent au cœur des structures et rapports politiques, économiques et sociaux, la recherche de réponses à celles-ci reste dominée par le paradigme fondateur du modèle bio-médical d'analyse et d'action. Le primat de ce modèle dans la définition des états et problèmes de santé, la formation des professionnels, la formulation des politiques et programmes de santé, le financement des systèmes de santé et l'évaluation de ces actions semble être à la base des réponses inadaptées face aux crises des épidémies dans nos sociétés contemporaines. Loin de s'intéresser à l'analyse de tous les facteurs sociaux de risque dans la gestion des épidémies, la présente communication se focalise sur le rôle et l'importance des droits de l'homme dans les politiques de prévention et de lutte contre les épidémies avec, en toile de fond, les questions suivantes : -Existe-t-il des synergies entre les droits de l'homme et les épidémies à travers l'histoire et en quoi consistent-elles ? -Dans quelle mesure et sous quelles conditions ces synergies sont-elles prises en compte dans les politiques de prévention et les interventions contre les épidémies ? - Que faire pour une intégration de ces droits dans la préparation de nos sociétés à la gestion de nouvelles épidémies ? Inscrite dans le champ de l'épidémiologie sociale, notre analyse montre que si les rapports entre épidémies et droits de l'homme peuvent paraître évidents, leur intégration dans la gestion de celles-ci reste globalement inexistante, limitée et confrontée à divers obstacles.L'identification de ces obstacles, la compréhension de leurs modes opératoires et des moyens d'y répondre permettraient de formuler des politiques de prévention et de gestion des épidémies reposant sur les droits de l'homme à la fois comme un de leurs déterminants, un cadre de leur mise en œuvre et une composante essentielle des indicateurs de succès ou d'échec de programmes, c'est à dire de leur évaluation.