Les éléments traces métalliques (ETM) sont omniprésents et se diffusent aisément d'un écosystème à l'autre. En milieu aquatique, 90 % des ETM sont piégés dans les sédiments, ces derniers sont donc des archives historiques géologiques précieuses et leur étude permet de retracer l'histoire de la contamination d'un site. L'évolution de la contamination historique métallique de la lagune d'Orikum, en Albanie, a été étudiée à travers l'analyse de deux enregistrements sédimentaires. Le choix s'est porté sur deux carottes, ces deux prélèvements étant situés de part et d'autre de la lagune, Ori_5 côté mer et Ori_6 côté terre, nous permettant d'avoir deux spécimens aux caractéristiques différentes. Les carottes ont été ouvertes, photographiées et échantillonnées tous les centimètres, en respectant les changements de texture et de couleur. La teneur en eau a été mesurée par chauffage, la teneur en matière organique et en carbonates par perte au feu. La taille des grains a été analysée par diffraction laser. La teneur en Al, As, Cd, Co, Cr, Cu, Ni, Pb, Ti, V et Zn a été mesurée par ICP-MS et la teneur en Hg par CVAAS. Les activités du césium-137 et du plomb-210 ont été mesurées par spectrométrie gamma et alpha et la datation des carottes a été déterminée par l'application du modèle de datation à flux constant et sédimentation constante (CF:CS). Les résultats ont montré que les carottes présentent des divergences liées à leur position dans la lagune, ORI_5 située côté mer présente un profil plus diversifié et plus grossier qu'ORI_6 située côté continent. Les profils lithologiques et granulométriques témoignent d'un milieu dynamique en perpétuelle variation, typique d'un écosystème lagunaire. Les analyses de datation réalisées sur ces deux carottes ont révélé l'existence d'un hiatus sédimentaire d'environ 90 ans situé chronologiquement entre 1990 et le début 1900 et probablement dû au pompage des marais entourant la lagune qui eut lieu vers 1980. La partie sédimentaire supérieure appartient à l'histoire récente du site (2012 -1990), au-delà de 40 cm, les sédiments sont antérieurs à 1900 et font partie de l'histoire ancienne du site. L'évolution de la contamination en ETM est donc incomplète. Les résultats obtenus indiquent que la région de Vlore est naturellement riche en métaux. La partie sédimentaire ancienne indique un enrichissement métallique d'origine marine témoignant d'une diffusion importante des sédiments du golfe de Vlore à la lagune. L'assèchement des marais et le remodelage du paysage de la lagune ont considérablement modifié l'hydrologie du milieu, les échanges mer-lagune ont diminué, son niveau d'eau a baissé. La partie sédimentaire récente ne montre pas de pollution métallique hormis des teneurs élevées en arsenic, cadmium et nickel.
