Notre cerveau est modulable toute notre vie par le mécanisme de la plasticité, dans les limites d'une certaine stabilité. Un équilibre adéquat entre ces 2 processus est essentiel pour un bon développement cérébral, pour s'adapter à des changements et à de la nouveauté ainsi que pour se protéger contre des altérations cérébrales telles que celles engendrées par la maladie d'Alzheimer. Dans notre étude, nous avons voulu en premier lieu tester l'effet d'un milieu enrichi et stimulant sur le comportement de jeunes souris soumises à un test de mémoire de reconnaissance et analyser les changements biochimiques produits au niveau du cortex et de l'hippocampe par Western blot ou immuno-histochimie. Des souris mâles C57BL/6J, âgées de 2 mois et élevées durant 1 mois dans une grande cage avec des objets de couleurs et de formes différentes, des roues, des tunnels périodiquement changés, ont montré un comportement non significativement différent concernant la mémoire de reconnaissance d'un objet nouveau par rapport à des souris contrôles. Par contre, les souris du milieu enrichi allaient moins fréquemment, mais plus longtemps vers les objets présentés. Au niveau cérébral, le milieu enrichi a permis d'augmenter l'expression de la protéine PSD-95, de diminuer l'expression de la protéine Tau phosphorylée détectée par l'anticorps AD-2 ainsi que le rapport des protéines NR2B/NR2A dans le cortex médian. De plus, les protéines Tau phophorylée (AD-2), dans le cortex médian, et NR2B, dans le cortex occipital et l'hippocampe, ont été corrélées négativement avec le comportement décrit, tandis que les protéines Tau non phosphorylées (détectée par l'anticorps anti-Tau-1) et c-Fos, dans le cortex médian, sont corrélées positivement au comportement. De plus, un traitement à l'Aβ42 monomère dans le cortex médian, in vitro, a produit moins de changements d'expression de PSD-95 chez les souris élevées dans le milieu enrichi que dans le milieu standard. Ces modifications suggèrent qu'un environnement stimulant change les stratégies d'exploration en les rendant plus performantes et réorganise les synapses pour qu'elles deviennent plus matures et efficaces. En outre, le renforcement synaptique par PSD-95 pourrait permettre d'acquérir une réserve corticale peu sensible à un traitement à l'Aβ42, peptide connu pour sa toxicité dans la maladie d'Alzheimer. La deuxième partie de notre étude est en lien avec des cas rares de familles portant une mutation P117L sur le gène de la présiniline-1 et manifestant une pathologie d'Alzheimer à début précoce. On a ainsi utilisé des souris transgéniques PS1-P117L qui ont montré, à divers stades du protocole expérimental, un comportement hyperactif, par rapport aux souris contrôles B6D2, qui peut être associé à une capacité d'habituation plus tardive, à un manque de contrôle inhibiteur, de réactivité, d'orientation et/ou à une perte d'anxiété face à la nouveauté. De plus, un début d'altération cérébrale a été détecté avec des neurones contenant des accumulations de la protéine Tau phosphorylée et des plaques d'Aβ oligomères. Cette étude montre également qu'avant même qu'il y ait des déficits neuropathologiques importants, des tests comportementaux peuvent détecter un manque d'adaptation à des situations nouvelles, ce qui pourrait servir d'indicateur précoce de démence.