Cette étude vise à démontrer que les exilés en Suisse vivent une période de self-exil. Pendant cette phase qui varie entre cinq à vingt ans, l'exilé tente de redéfinir les identifications attribuées par lui-même afin de stabiliser ses formes identitaires. Le fait de ne pas pouvoir rentrer au pays entrave la redéfinition des identifications de référence identitaires. Cette situation engendre, au fil du temps, des conditions inhibitrices et conflictuelles dans le processus de dynamique identitaire. Le processus de déconstruction, de reconstruction et de construction des formes identitaires est alors sérieusement troublé par le manque de pouvoir de comparaison et de confrontation des nouvelles formes d'identification de référence du pays d'accueil avec celles de son milieu d'origine. L'individu exilé s'oriente vers une forme de repli sur soi et traverse une période que je l'appelle self-exil. Pendant cette période, un trouble de communication diachronique est provoqué, et ceci intensifie les crises identitaires émanant du processus migratoire et prolonge ainsi dans le temps le processus d'adaptation au pays d'immigration. L'émergence de l'idée des retrouvailles s'inscrit dans la fin de la phase de self-exil. Elles apportent une contribution essentielle à la redéfinition des identificateurs des formes identitaires.