Les pharmacies hospitalières sont chargées de produire des médicaments pour les patients, afin de mettre à disposition des formulations non disponibles sur le marché (sous forme de préparations par lots), de fabriquer des préparations adaptées aux besoins spécifiques d’individus (préparations magistrales) ou pour protéger le personnel médico-soignant de molécules hautement toxiques (préparations des cytotoxiques anticancéreux). Une grande partie des médicaments produits doivent être stériles, ce qui nécessite une asepsie parfaite durant tout le processus de production.
La formation des opérateurs de production est un enjeu majeur du respect des bonnes pratiques de fabrication. Toute déviation des normes en vigueur peut mettre en jeu la qualité du produit final. En ce qui concerne l’asepsie, certains auteurs qualifient même l’intervention humaine des opérateurs comme étant le risque principal de contamination de la préparation. De plus, les opérateurs s’exposent eux-mêmes à des risques en manipulant des produits au caractère dangereux. Des bonnes pratiques de manipulation sont donc également cruciales pour assurer leur sécurité.
Traditionnellement, la formation des opérateurs est composée d’apports théoriques, de la lecture de nombreuses réglementations et procédures, puis d’un compagnonnage de terrain par des pairs déjà formés. Une fois qualifiés pour les activités de production, ils doivent suivre de fréquentes mises à jour et une requalification périodique doit être dûment documentée. Les principaux défauts de ces modèles traditionnels sont la variabilité des enseignements de terrain qui dépendent des formateurs, la formation dans la vraie vie avec un risque d’impact sur la qualité des préparations, l’utilisation de méthodes pédagogiques traditionnelles peu stimulantes pour la formation théorique et l’absence d’évaluation de l’impact des formations.
Si la littérature scientifique met clairement en évidence la nécessité d’une formation continue des opérateurs, un nombre plus restreint d’expériences témoigne du souci d’une pédagogie innovante, dont les effets seraient mesurables. En effet, tant la recherche neuroscientifique, que la recherche pédagogique ont mis en évidence certains mécanismes de l’apprentissage : on apprend mieux par une mise en situation et lorsque l’on trouve du plaisir à une activité. De plus, pour des activités à haut risque, il est fortement recommandé de se former en environnement de simulation avant d’opérer dans la vraie vie.
Cette thèse a eu pour objectif de faire évoluer les formats de formation des opérateurs de production en suivant les principes fondamentaux de la pédagogie (ex. cycle de Kern, alignement pédagogique), en utilisant des méthodes pédagogiques innovantes (simulation, ludopédagogie) et en procédant à une évaluation systématique de l’impact de ces formations (modèle de Kirkpatrick). La formation est ainsi devenue un sujet de recherche, afin d’apporter de l’évidence scientifique sur l’intérêt de ces méthodes pédagogiques innovantes appliquées au domaine de la production en milieu hospitalier.