Figure poétique entre toutes et ornement prisé des orateurs, la métaphore est une composante essentielle de la prose de Cicéron. Les discours et les ouvrages rhétoriques de l’Arpinate nous préservent encore cet éclat, et le lecteur se trouve sans cesse convié à admirer la richesse, la vivacité, la maîtrise et la subtilité qui se déploient dans ses ouvrages. Pourtant, certains éléments du style cicéronien, dont la métaphore, n’ont suscité que peu d’études d’ensemble. Afin de combler cette lacune, il a été procédé au repérage, au classement et à l’interprétation des métaphores des discours. En concomitance, des critères d’identification ont été élaborés ; des lectures ont été proposées qui mettent en évidence les liens entre la métaphore et son contexte et, à plus large échelle, entre les thèmes métaphoriques et l’argumentaire de chaque discours. Ce travail permet également de faire émerger des parallèles dans l’ensemble du corpus et de proposer ainsi une analyse nouvelle d’un grand nombre de passages. Fait rare dans la littérature ancienne, à côté des cinquante-huit orationes conservées de Cicéron, plusieurs ouvrages théoriques de sa main (De oratore, Orator) nous subsistent dans lesquels la métaphore se trouve définie ou décrite. La pratique oratoire cicéronienne a donc pu être examinée à l’aune de conceptions qu’il a lui-même formulées. Dans le cours de la recherche, il est apparu que ces ouvrages théoriques, parce qu’ils relèvent eux aussi d’un haut degré d’élaboration stylistique, méritaient d’être examinés avec la méthode établie pour les discours. Cette orientation du travail a ainsi permis d’éluder l’opposition frontale entre théorie et pratique. Il en est sorti une lecture métarhétorique centrée sur le De oratore. Celle-ci révèle les métaphores d’après lesquelles Cicéron appréhende son art, et comment il conçoit la notion même de métaphore. Elle offre en outre au lecteur une grille d’analyse valant pour l’ensemble du corpus examiné.