Le trust a longtemps été considéré par la doctrine suisse comme incompatible avec notre droit privé, notamment parce que le droit de suite (tracing) prévu par le droit anglo-saxon était perçu comme violant le numerus clausus des droits réels. En 2022, le Conseil fédéral a présenté un avant-projet de révision du Code des obligations visant à introduire le trust dans le droit privé suisse. Cette proposition inclut un droit de suite inspiré du tracing anglo-saxon, fondé toutefois sur les règles suisses de l'enrichissement illégitime. Ce travail vise à démontrer que le droit de suite tel que proposé par le Conseil fédéral n'introduit pas de nouveauté fondamentale dans le droit privé suisse – et ne remet notamment pas en cause le numerus clausus – mais qu'au contraire, il ne fait que conjuguer, dans un nouvel instrument juridique, des principes existant déjà dans notre droit privé.