Les rapports sociaux sont empreints de l’idée plus ou moins conscientisée qu’on est notre corps (Le Breton, 2018). Notre corporalité est-elle l’expression dans la matière de notre identité et de nos caractéristiques individuelles les plus intimes ? Cela sous-entend qu’un coup d’œil permet d’appréhender l’ontologie humaine. Le propos de ce mémoire de Maîtrise en Études Genre s’inscrit, comme de nombreux autres travaux, dans le dévoilement du corps-écran ; un corps sur lequel se projette un ensemble de représentations sociales, « des fictions » (Perreau, 2018, p. 8). Les représentations sociales sont fondamentales pour donner du sens à ce qui nous entoure et nous constitue. Elles nous servent, effet, de repères et contribuent à la construction des identités sociales des individus, il s’agit de la lentille par laquelle nous appréhendons le vivant. Dans une perspective sociologique, elles sont si puissantes que sans lentille, pas de matière ; il n’y a sous les pavés, pas de plage. En maçonnerie le béton est constitué en partie de sable, en société le corps ne peut être dissocié des fictions qui le composent. En effet, le « corps métaphorise le social et le social métaphorise le corps » Le Breton, 2018, p. 88).

Le regard social porté sur les corps n’est donc pas neutre. Les représentations du corps beau, du corps sain, du corps désiré, du corps acceptable se superposent et se contredisent dans une toile de normes sociocorporelles à décortiquer : qu’en est-il du corps gros masculin ?