La réduction du temps de travail fait l’objet d’un nombre croissant de recherches dans le domaine de la durabilité. En effet, cette mesure permettrait de limiter les dégradations environnementales, de diminuer les inégalités de genre et de favoriser le bien-être. Cette étude s’intéresse donc à cette proposition et aux conditions qui rendraient la réduction du temps de travail favorable au bien-être sur le long terme. Pour ce faire, une perspective interdisplicinaire est mobilisée, au croisement des études de durabilité, de la sociologie, de la démographie, avec des apports de la psychologie. Nous adoptons une démarche qualitative et interrogeons des personnes employées à temps plein à Genève pour analyser leur rapport au travail et les potentiels obstacles face à une réduction du temps de travail. Les résultats suggèrent que la sécurité financière, le carriérisme et la forte culture du travail en Suisse font partie des freins identifiés. En revanche, nos résultats confirment aussi des pistes de réflexions présentes dans la littérature : la revalorisation des activités de loisirs et du temps passé avec les proches, le maintien d’un salaire digne, la généralisation d’une mesure de réduction du temps de travail et le work-sharing font partie des solutions avancées afin de garantir le bien-être. Finalement, toute mesure de réduction du temps de travail devra prendre en considération les dynamiques de genre et de classe, pour éviter de perpétuer les inégalités sociales.