Différentes études ont montré que la production de mots n'était pas totalement automatique et que certaines étapes d'encodage pouvaient être affectées en situation de double tâche, car elles nécessitaient de l'attention. La plupart des études (Ferreira & Pashler, 2002 ; Roelofs & Piai, 2011), ont trouvé des effets d'interférence sur les étapes pré-lexicales et lexicales de la planification d'énoncés (la conceptualisation et la sélection lexicale). D'autres études plus récentes (Cook & Meyer, 2008 ; Fargier & Laganaro, 2016 ; Fargier & Laganaro, 2019 et Laganaro, Bonnans & Fargier, 2019) conduites chez des participants neurotypiques et aphasiques ont montré un rôle de l'attention dans les processus post-lexicaux. Ces études ont principalement utilisé une tâche de dénomination d'images avec une seconde tâche contenant des stimuli auditifs verbaux (syllabes). Ainsi, les effets observés peuvent découler d'un recrutement de ressources concomitantes entre les deux tâches (parler et écouter des syllabes). Le but de notre recherche était donc de savoir si les effets d'interférence étaient dus aux ressources attentionnelles ou bien aux ressources concomitantes. Dans notre étude, nous avons étudié si l'interférence de la double tâche sur la planification en production de mots est aussi présente quand les participants sont engagés dans une seconde tâche comportant des stimuli auditifs non verbaux (sons de l'environnement). Nous avons utilisé le paradigme de double tâche avec une première tâche de dénomination d'images et une seconde tâche de détection des sons de l'environnement que nous avons fait passer aux participants neurotypiques et aphasiques, en choisissant un SOA+150 ms et un SOA+300 ms. Nous avons comparé leurs performances (latence de production et précision) sur les deux tâches, en tâche simple et en double tâche. Concernant les résultats, nous avons trouvé que les participants neurotypiques sont plus lents pour dénommer un mot en double tâche plutôt qu'en simple. En revanche, ils ne font pas plus d'erreurs. Ils sont également plus lents pour détecter la cible auditive en double tâche. Du côté des participants aphasiques, un des deux participants était plus lent pour dénommer un mot en double tâche plutôt qu'en simple. De plus, aucun des deux n'a fait plus d'erreurs en dénomination lors de la double tâche. Les résultats obtenus semblent indiquer que les étapes lexicales et phonologiques nécessitent de l'attention malgré certaines limites que comporte notre étude.