L'évaluation logopédique du langage oral nécessite, entre autres, l'utilisation de tests standardisés qui permettent d'avoir une comparaison des performances à la norme. Cependant, pour évaluer l'évolution langagière de manière longitudinale, il est conseillé d'utiliser des tests se composant de deux versions appariées, dans le but d'éviter un effet test-retest. En premier lieu, ce projet cherche à répondre au besoin de développer un outil d'évaluation du langage oral comprenant deux versions parallèles qui soit normé sur une population tout-venant et qui soit également adapté à une population d'enfants sourds moyens-légers (SML). En effet, l'évaluation langagière auprès de cette population est particulièrement pertinente, car elle permet de mettre en lumière des éventuelles problématiques en lien avec le réglage ou l'utilisation des prothèses auditives. Notre étude se focalise plus particulièrement sur les compétences lexicales de ces enfants au travers d'une tâche de compréhension lexicale et d'une tâche de dénomination d'images. Afin de déterminer si les versions (A et B) créées pour ces deux tâches sont statistiquement équivalentes, nous avons comparé les résultats obtenus par les enfants de l'échantillon normatif (N = 74 ; âge moyen M = 7;4) pour la passation de la version A et pour celle de la version B. Cela nous a permis de constater que les deux versions diffèrent d'un point de vue statistique, ce qui implique qu'elles ne permettent pas une évaluation des compétences lexicales en deux temps. Deuxièmement, cette étude s'est intéressée aux bénéfices d'un appareillage précoce sur le développement lexical. Pour investiguer cet aspect, nous avons d'abord comparé les performances des enfants SML appareillés précocement (N = 7, âge moyen M = 8;6) à la norme des enfants entendants. Contrairement à ce qui était attendu, nous avons relevé que les enfants SML appareillés précocement ne présentent pas des performances dans la norme. Finalement, les performances des enfants SML appareillés précocement ont été comparées à celles d'un échantillon SML appareillé tardivement (N = 10 ; âge moyen M = 8;6). Les résultats de cette analyse ne montrent aucune différence significative concernant la proportion d'enfants ayant des performances dans la norme entre les deux échantillons. En d'autres mots, les compétences lexicales des enfants ayant reçu un appareillage précoce ne sont pas meilleures que celles des enfants ayant reçu un appareillage tardif. Néanmoins, les effectifs de nos échantillons étant très restreints, il faut être prudents quant aux conclusions tirées de ces données.