Ce travail dévoile comment les conditions de vie d'un groupe spécifique peu étudié dans l'histoire japonaise d'après-guerre, les vétérans blessés japonais, ont été profondément transformées par la politique de démilitarisation totale du pays mise en place par l'occupation américaine. En quelques mois, les vétérans blessés passèrent du statut glorifié de héros de la nation à celui de symbole de la défaite. N'étant plus aidés par l'État et n'ayant plus leur place dans la société japonaise, nombre d'entre eux sombrèrent dans la pauvreté, forcés d'aller mendier dans la rue. Malgré leurs tentatives de s'organiser à un niveau national pour se faire entendre dans la société, les vétérans perdirent leur position prédominante dans le discours national et échouèrent à l'emporter sur un terrain compétitif peuplé d'une multitude de personnes qui revendiquaient aussi le statut de victimes de guerre. Du fait de leur position sociale délicate, à la fois oppresseur et victime, leur combat pour se faire entendre et obtenir des aides étatiques fut long et laborieux. Pour ces hommes du moins, la fin des combats le 15 août 1945 ne signifia pas la fin de leurs souffrances.