Cette contribution aborde, dans la perspective de l'histoire des recherches archéologiques des deux à trois décennies écoulées, l'avancée considérable effectuée dans la connaissance et la compréhension de la "civilisation des oppida". Aujourd'hui, la plupart des archéologues et historiens de l'Antiquité admettent, sans réserve, que certains sites qualifiés d'oppidum sont de véritables villes celtiques; d'autres sites en revanche conservent un statut de forteresse, de lieu de réunion et de refuge. La chronologie de la fin de La Tène a subi plusieurs révisions, allant dans le sens d'un vieillissement, qui ont radicalement modifié la manière d'appréhender les Ile et 1er S. av. J.-C. La construction d'un rempart, qu'il englobe une agglomération florissante (Manching) ou investisse un site nouveau, en général perché (Bibracte), constitue un véritable acte de fondation. Là où des dates précises ont pu être obtenues, les remparts monumentaux les plus anciens ont tous été érigés dans le dernier quart du Ile S. av. J.-C. La genèse de ces oppida est envisagée comme un phénomène proprement celtique, lié à une évolution interne de la société, ne dépendant pas directement de facteurs externes (Germains, Narbonnaise, Cisalpine...). Le rôle des agglomérations ouvertes, antérieures à la fondation des oppida, est mieux connu, notamment leurs fonctions artisanales et économiques, l'émission de monnaies, activités qui se développeront sur les oppida. Le modèle dans certains cas du déplacement de l'habitat d'un site ouvert de plaine vers un site de hauteur fortifié (Bâle, Levroux) peut être précisé et nuancé. Dans leurs études liées à l'urbanisation des oppida de la fin de l'âge du fer, les chercheurs recourent aux critères devenus traditionnels d'un espace endos dans une fortification, avec ses portes monumentales, de la reconnaissance de lotissements d'habitations, de quartiers d'artisans ou à vocation économique, de sanctuaires, d'espaces publics. Des parcellaires sont tracés à la campagne. Bon nombre d'oppida, du sud de l'Allemagne notamment, comme Manching, montrent un déclin économique dès la fin du premier quart du 1er s. av. J.-C., et certains sont même abandonnés avant la guerre des Gaules; à Bibracte en revanche, des bâtiments publics et privés, de véritables palais au plan méditerranéen, sont construits, probablement le fait des élites éduennes installées en ville et achevant ainsi leur mutation vers le mode de vie romain.