Cette étude de cas réalisée en milieu carcéral préventif a permis d'explorer le rapport au vécu émotionnel chez deux patients délinquants ayant un diagnostic de trouble de la personnalité antisociale. Le fonctionnement des individus présentant des traits antisociaux est notamment caractérisé par le passage à l'acte. L'étude des concepts d'alexithymie et d'empathie a permis d'explorer le lien entretenu entre émotions et passage à l'acte. Les personnes remplissant les critères du trouble de la personnalité antisociale se présentent avec un degré d'alexithymie élevé ainsi qu'un faible degré d'empathie. Ces concepts pris comme cibles dans la thérapie n'ont pas permis d'observer les normalisations attendues, à savoir un développement de l'empathie et une diminution du degré d'alexithymie. En revanche, cette thérapie d'orientation cognitivo-comportementale centrée sur les émotions s'est accompagnée de modifications cliniques et statistiques significatives sur les autres dimensions mesurées à savoir l'impulsivité, la dépression et l'anxiété. Plusieurs biais et limites ont néanmoins été identifiés, notamment l'influence des facteurs de stress liés à l'incarcération, un intervalle test-retest inférieur à cinq mois et des limitations statistiques induites par le petit nombre de sujets et d'évaluations réalisées.