Cette étude examine l'essentialisation des homosexuels de la part des hétérosexuels en fonction du type de différences entre ces deux groupes. Deux types de textes ont été présentés à 87 hommes hétérosexuels, soit sur les différences biologiques, soit sur les différences psychologiques entre les homosexuels et les hétérosexuels. Les résultats ont montré un effet du type de différences sur deux dimensions de l'essentialisme, la croyance en l'entitativité des homosexuels et le caractère appris de l'homosexualité : l'entitativité est plus soutenue face aux différences psychologiques que face aux différences biologiques, alors que le caractère appris est plus soutenu face aux différences biologiques que face aux différences psychologiques. Ces résultats suggèrent que l'essentialisation d'une catégorie sociale est un moyen de défense et de différenciation contre la menace que représente cette catégorie et que les différences biologiques permettent de garantir le besoin de distance psychologique (Haslam & Levy, 2006 ; Falomir & Mugny, 2009). D'autres résultats ont mis en évidence le lien entre certaines dimensions de l'essentialisme et l'idéologie masculine : plus l'idéologie masculine est élevée, plus les hétérosexuels soutiennent la croyance en l'entitativité et le déterminisme biologique de l'homosexualité et moins ils soutiennent la croyance en l'universalité de l'homosexualité. Enfin, nous avons également observé un lien entre l'essentialisation et les préjugés : la croyance en l'entitativité est associée à des attitudes négatives, alors que les croyances en l'immuabilité et en l'universalité sont associées à des attitudes positives.