L'objectif de cette thèse est d'analyser la manière dont les jeunes en situation de vulnérabilité négocient le passage de l'école au travail et, plus spécifiquement, l'impact des politiques sociales visant à faciliter cette transition. Elle décrit sous l'angle des capabilités les défis auxquels les jeunes au chômage sont confrontés au sein des institutions de protection sociale. L'analyse de discours est employée pour découvrir comment les politiques du marché du travail en Suisse s'efforcent de produire la participation active (désignée ici comme clienthood) de ces jeunes. Les discours des jeunes et des acteurs de terrain sont examinés à l'aune du cadre évaluatif et normatif de l'approche par les capabilités. L'analyse se focalise sur une mesure d'insertion en particulier : les Semestres de Motivation, destinés aux jeunes sans solution professionnelle. Sur la base d'entretiens semi-directifs et d'observations, cette étude met en lumière une limitation de leur capacité d'action (agency) et de leur capacité à faire valoir leur point de vue (voice) en raison de la pression temporelle qui pèse sur eux et de l'accent mis sur leur responsabilité individuelle. Ainsi, la construction de leur identité est envisagée sous l'angle de l'acquisition d'une subjectivité institutionnelle, impliquant l'adaptation de leurs aspirations aux réalités du marché du travail.