Cette enquête porte sur le Service des tutelles d'adultes à Genève et son environnement institutionnel. Elle a été menée dans le cadre d'un atelier de formation par la recherche du Master de sociologie de l'Université de Genève. Elle s'est déroulée durant une année universitaire, de septembre 2011 à mai 2012, peu de temps avant que le droit de la tutelle ne change en janvier 2013. A l'origine de cette étude, un constat formulé par les acteurs de première ligne : le nombre de dossiers et de mandats de tutelles et de curatelles, dont le service a la charge, ne cesse de croître ; cette augmentation n'était pas réductible à un simple effet d'allongement de la durée de la vie de la population. L'objectif de l'étude était double : comprendre la logique organisationnelle des acteurs de la protection sociale à Genève et mieux comprendre la population à laquelle le service a affaire quotidiennement. Pour ce faire, nous avons tenté de reconstituer le fonctionnement du système d'acteurs auquel appartient le Service des tutelles d'adultes. Nous avons également objectivé, d'une part, les logiques de défausse, fortement ressenties par des professionnels du service, et, d'autre part, les flux d'entrées et de sorties des mesures de protection, afin de comprendre et de documenter ce phénomène d'augmentation. Enfin, nous avons cherché à identifier les logiques sous-jacentes aux trajectoires personnelles des majeurs protégés. Plus largement, nous avons enquêté sur les ressorts contemporains de la protection de l'État, en essayant de saisir les raisons pour lesquelles l'État fournit sa protection, le cadre dans lequel il la donne et les conditions assorties.