Le philosophe Paul Ricœur a concentré, au fil des années, ses recherches sur l'herméneutique, qui peut se définir comme “théorie de l'interprétation et de la compréhension”. Dans sa réflexion sur l'interprétation, Ricœur a choisi de s'intéresser successivement à deux cas concrets: d'abord la métaphore (dans La métaphore vive, 1975), puis le récit (essentiellement dans Temps et récit, 1983-1985). Pour lui, ces deux “modes de figuration du réel” ont en commun de produire du sens, un sens nouveau de surcroît; raison pour laquelle il les qualifie l'un et l'autre de phénomènes d'”innovation sémantique” (1983, 9), puisqu'ils créent par l'intermédiaire du discours une signification qui sans eux n'aurait pas existé. Ils relèvent d'un théorie de l'interprétation, dans le sens où il sont des médiations, des détours par lesquels l'homme, individuel ou collectif, réfléchit, pense, donne à penser le réel, en l'interprétant et en s'attribuant les résultats de cette interprétation.