La présente publication analyse le rôle des émotions dans le cadre des transformations actuelles des modes de régulation juridique. A ce titre l'étude a été partagée entre deux axes principaux : Le premier a porté sur les émotions comme moyen de régulation des comportements sociaux, et dans cette optique nous avons étudié les campagnes de promotion du don d'organes, campagnes qui ne prennent pas appui sur des normes contraignantes mais sur des dispositifs d'incitation et d'information. Cela a fourni l'occasion d'examiner de plus près les mécanismes de ce qu'il est coutume aujourd'hui d'appeler la soft law. On a ainsi montré comment, et avec quelle légitimité, les pouvoirs publics prennent appui, en partie, sur des éléments émotionnels, ou cherchent à en générer auprès du public. Le second axe concerne le droit comme produit émotionnel. A ce titre nous avons examiné la montée en puissance de la victime comme sujet de droit dans la sphère pénale. La victime s'impose en effet comme une figure prédominante des conflits et des revendications dans l'espace public, et ceci à des niveaux très divers, tant dans la morale humanitaire que pour les victimes de l'insécurité routière, du terrorisme, des accidents professionnels ou d'erreurs médicales. Cette évolution de la victime qui dépasse de loin l'aspect strictement procédural s'observe en particulier dans le procès pénal. A travers la montée en puissance de la victime, cet axe du projet a visé à interroger de manière approfondie ce phénomène d'émotionnalisation du droit sur le plan non seulement juridique mais aussi socio-culturel. Menés en parallèle, les deux projets empiriques ont été conçus et conduits de manière interdisciplinaire en combinant des analyses juridiques et des méthodes issues des sciences sociales (entretiens, analyse de discours et de contenu notamment).